A cette époque de l'année, Ace ne mettait plus de combinaison pour aller surfer, trop encombrante à son goût. Les vagues venaient lui lécher la peau, l'écume s'accrochait dans ses cheveux et les filles lui proposaient leurs services dès qu'il posait un pied sur le sable. Non, vraiment l'été était sa saison préférée. Les dompteurs de vagues étaient nombreux ce jour là, chacun avait sa propre planche, des œuvres d'art pour la plupart. Certaine étaient peinte par Ace, comme celle de Sia. Les fleurs et les étincelles s'entremêlaient, c'était une planche spéciale, qui dégageait quelque chose d'unique. Ace était fier de peindre ce genre de choses. Tellement qu'il avait fait une remise à la jolie brune, mais elle avait l'air de l'avoir mal pris, comme si c'était une offense à la grande famille Fernandez.

Depuis quelques jours, cela perturbait Ace, d'un naturel plutôt posé d'habitude, les gens ne se posaient pas de questions à son sujet. Il faisait en sorte qu'ils ne s'en posent pas. Discret et sans bruit, comme d'habitude, il arrive jusqu'à Sia. Il la voit comme une femme forte, un roque, un pilier. Mais que sait il de plus, que connaît il vraiment d'elle ? Le sable lui brûle les pieds, il la regarde fixement, pour se convaincre qu'il doit y aller. Il est plutôt timide, et abordé cette fille qui l'ignore où même qui le méprise peut-être lui demande un effort. « salut, c'est moi qui ai fait ta planche, tu te souviens ? » Lance Ace peu sur de lui, ne voulant pas abordé le problème de face. Alors que dans sa tête il mourrait d'envie de lui lancer ses quatre vérités en plein visage « Je vois que t'en fait bon usage.»  dit il en souriant.

Ace n'a jamais été intéressé par les filles, surtout maintenant, il a déjà assez à faire de sa famille, de son boulot, de ses tracas. Il refuse catégoriquement que tous les hamptons se mêlent de ses peines de cœurs. Sia, il la voit comme une femme fatale, celle qui fait succomber n'importe quel homme avec sa voix douce et son sourire ravageur. Il la voit peut-être comme elle ne le voudrait pas

Elle restait toujours polie, toujours droite et ne faisait pas d'accro à la conversation. Comme une femme qui s'efface, qui disparaît en renfermant ses pensées pour plaire. Elle est lisse, quand elle parle à Ace, lisse et blanche comme une feuille de papier. Comme si elle se méfiait d'un homme comme lui. D'un homme au passé d'étranger, au passé inconnu. Elle se souvenait de lui, parce qu'il avait certainement du faire quelque chose qui ne lui avait pas plu. Cela faisait plaisir à Ace au fond, elle se souvenait de lui et n'en faisait – pas encore – un drame. « Tu as raison d'en profiter, vu le temps, en plus à cette heure ci les touristes se cachent. » Il faisait chaud à en faire transpirer les poissons et les beaufs de la plage mais c'était agréable, parce que le soleil dévorait la peau des habitants pour lui donner un plus de couleurs.

Les rouleaux venaient lécher le sable et déposait l'écume sur le tapis doré. C'est vrai, c'était le temps idéal pour surfer. Elle désigna la planche d'Ace d'un mouvement de tête. C'était lui qui l'avait fait, il en était très fier. Elle ne représentait rien de spécial, elle plaisait juste à Ace, elle était unique. Comme lui. « C'est le climat parfait, c'est vrai. Et puis en tant qu'artisan, je me devais de voir les nouvelles tendances en terme de planche ! » dit il en riant. Si beaucoup de planches sortait de son atelier, certaine étaient plus poussées et étaient peintes avec plus de technique. D'autre en revanche était simple et sortait du magasin de sport le plus proche. Cependant, il aimait s'inspirer de ce qu'il voyait, cela lui permettait de se renouveler. Ce qui lui faisait plaisir, c'est que Sia engageait la conversation. « Avec plaisir, j'adore me mesurer aux autres ! On fait ça quand tu veux et ou tu veux ! » Il n'aimait pas vraiment se mesurer aux autres, pour la simple et bonne raison qu'il n'aimait pas perdre. Mais elle n'avait pas besoin de le savoir. Et puis, s'il perdait il avait une bonne excuse : cela faisait bien un mois qu'il n'avait pas posé ses pieds sur son surf.

« On peut même la faire maintenant, enfin si tu n'as pas trop peur. » Il voulait détendre l'atmosphère, ils étaient parti plutôt du mauvais pied, mais Ace était désireux de passer l'éponge sur le comportement étrange de Sia, et bien sur d'obtenir des explications. « Au cas ou je perdrais je tiens à préciser que cela fait pas mal de temps que je ne suis pas monté sur mon surf. » Au mois, elle était au courant. Il souhaitait en apprendre plus sur elle en marchant jusqu'aux vagues, alors la compétition pourrait en effet être un bon prétexte pour mieux connaître cette fille. Fallait-elle encore qu'elle accepte de participer aujourd'hui, mais cela ne pouvait apporter que de la bonne humeur et engendrer des souvenirs en commun, bien qu'il n’espérait rien avec elle.