My life, Russia.« Comment souhaitez-vous le nommer ? » - « Aleksander ! ». Te voilà né, sur une Terre qui est désormais tienne. Premier enfant d’un jeune couple, Emizia et Alekc Ozorov, tous les deux fous amoureux depuis leur tendre enfance. Tu es né avec l’amour de tes parents, qui n’ont cessé de t’aimer, peut-importe ce qu’il pouvait se passer. « Faites voir mon bébé ! » ordonnait Emizia, avant de recevoir le nouveau-né dans ses bras. Elle venait d’accoucher, mais était encore en forme pour voir son enfant. Elle se précipitait sur ses doigts de pieds. « Un, deux, trois, quatre, cinq… Un, deux, trois, quatre, cinq. » Elle soufflait alors de soulagement, avant de serrer son enfant tant désiré, il ne pleurait pas, il était sage et semblait avoir un petit timbre de voix, cela semblait mignon et pourtant…
Trois ans plus tard, Aleksander avait déjà bien grandit. Il pouvait marcher seul, sans trop retomber sur ses pattes, il avait un visage angélique qui faisait pâlir les autres mamans de Moscou, ses lèvres étaient fines et pulpeuse, ses yeux d’une profondeur affolante, ses expressions tellement vivantes. Pourtant, malgré toutes ses qualités, Aleksander ne disait toujours pas un mot. Emizia se rappelait de l’âge où elle avait dit son premier mot, et était inquiète pour son fils. Cependant, les médecins la rassuraient sans cesse. « Ne vous inquiétez pas, il discutera avec vous lorsqu’il le voudra. Cela ne devrait plus tarder, il semble intelligent à son âge. », la jeune maman était alors soulagée, mais avec encore cette petite crainte dans le ventre. A vrai dire, son enfant était le plus beau de Moscou, il était déjà une petite vedette dans sa ville natale et dans les villes voisines, il était modèle photographique bébé pour les meilleurs marques d’habillement enfants. Emizia et Alekc étaient fières de leur enfant. Leur unique enfant.
Anniversaire des huit ans de Aleksander – « Bonjour Marraine, comment allez-vous ? Vous venez voir Aleksander pour son anniversaire ? Attendez… Mon poussion, vient voir maman, il y a Tatie à la maison ! » l’enfant s’empressait de courir dans les escaliers pour rejoindre la porte d’entrée, sautant dans les bras de sa marraine. « Aleksander, tu dis bonjour à Tatie ? » il regardait sa maman, acquiesçant du regard avant d’ouvrir sa bouche et montrer un petit salut de la main. Sa marraine soupirait alors, regardant Emizia. « Toujours pas ? » la mère détournait le regard, caressant la chevelure brune de son petit garçon avant de souffler comme une excuse. « Il prend son temps. »
Un jour, j’y arriverai.
« Aleksander, aller. Répète ce que je vais te dire : Un lion. » le jeune garçon alors âgé de treize ans, regarde l’inconnu qu’il côtoie maintenant depuis six années. Il soupire, il essaie, sans qu’un seul bruit audible ne sorte de sa bouche. L’homme est alors agacé et lui fait un signe, qui est désormais sa langue. Diagnostiqué comme muet de naissance, Emizia refuse cette fausse maladie. Elle est persuadé que le garçon peut encore parler, il n’est jamais trop tard. Alors, après cet ultime effort, l’homme soupire avant de parler à la jeune mère. « Non, encore une fois. Il n’y arrivera pas. » Elle cache alors ses yeux, touchant la chevelure brune de son fils, c’est devenu une habitude. Le jeune garçon se tourne alors, enchainant des mouvements de mains. « Maman, ça ira. ». Elle le regarde alors, avant de déposer un doux baiser sur son front, et donner discrètement le chèque à l’homme, avant de partir avec Aleksander, félicitant son enfant comme à chaque fois qu’il sort de la séance. « Je suis sûre que tu vas y arriver Aleksander. Tu arriverais à dire ton prénom mon petit cœur ? Aller… Fait plaisir à maman… » Elle le regarde alors, s’agenouillant à lui avant de s’effondrer en pleure sur le petit torse du garçon. Il tourne la tête, et cette fois-ci, touche lentement les cheveux longs et noirs de sa mère, comme pour la rassurer. Il touche alors sa joue, relevant son visage pour lui montrer ce qu’il doit lui dire. « J’y arriverai. Demain. Dans l’avenir. Promis. » Elle sourit alors, se relevant, prenant la main de son fils, la serrant fortement avant de rentrer à la maison.
« Aleksander, pour tes dix-huit ans, où veux-tu aller en vacances ? », le regard du jeune adolescent se met à briller, il court vite vers sa mère pour lui dire du bout de ses mains un petit : « Au lac ! Je veux voir un lac ! » Elle rigole alors, avant d’accepter. Il savait qu’il allait passer ses premières vacances, seul. C’était un nouveau pas, pour le jeune modèle photographe, et étudiant dans un lycée pour jeunes handicapés, qui n’avait aucun ami. Il savait pertinemment qu’il n’aurait pas d’ami… Mais il avait tellement attendu ce jour-là, parce qu’il voulait revoir la fille, celle qui l’avait accepter comme il était.
Mon monde à moi.« Ta mère est partie, ça y est. » Aleksander est alors assit sur un banc à l’extérieur du bungalow, il attend que son amie rejoigne le jeune homme, totalement impatient. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps, il a grandi, il a mûrit, il a désormais vingt et un ans. Il est de retour au lac, celui où il a rencontré la jeune femme dans sa jeunesse, dans les environs de ses huit ans, lorsque la « maladie » à était réellement déclaré. Aleksander regarde alors l’heure, il est déjà tard. Il fait pourtant encore jour. Il regard l’homme qui l’accompagne depuis ses dix ans, pour traduire ses gestes. « Je peux ? » l’homme regarde alors le jeune adulte avant de répondre positivement de la tête, après tout, il est âgé désormais. Il s’empresse alors de partir, il sait où rejoindre la jeune femme. Il l’attend alors près d’un ponton, en bois, l’été ça sens bon les fleurs. Et le bois. Mais également l’eau tiède, ça sent l’été. Mais vient une autre odeur, reconnaissable parmi mille autres odeurs. Des doigts se glissent alors sur ses yeux avant de demander d’une voix douce et posé « Qui est-ce ? ». C’était la première fois, leur première rencontre, c’était leur petit signe. Il levait alors hautement les mains avant de faire comprendre. « Une jolie fille ? » elle rigolait alors à cœur joie, avant de laisser le garçon se retourner, il contemplait son visage. Il ne la voyait pas souvent… « Et pour moi, tu ne fais pas d’effort ? » il soupire avant de racler sa gorge, pour doucement sortir un petit et à peine audible. « Bienvenue ». Elle sourit alors, enlaçant l’homme pour le remercier. Elle lui a tellement apprit, il connait des phrases, des mots, des textes, il sait lire, écrire et comprendre grâce à elle. Il parle quelques fois, mais pas tout le temps, c’est encore trop difficile.
Cette fois-ci, ils sont prêt, à passer une seconde étape. Le vœu le plus cher d’Aleksander, était de connaître plus la jeune femme. Dans une intimité la plus parfaite. Elle regarde alors le garçon, qui dévore déjà la jeune femme du regard. Elle rougit alors légèrement, il ne sait pas si elle est déjà… Si elle a déjà eu une relation, mais pour lui, c’est la première fois. Il tremble, alors elle vient contre lui pour le rassurer, avant de sombrer dans un pêché imparfait, quelque chose qu’on ne retrouvera plus, que l’on peut regretter. Mais dont Aleksander, ne regrettera jamais. Oh, jolie femme, je t’aime. Jolie femme, j’aimerai te le dire. Jolie femme, quand est-ce qu’on se reverra ? Retrouvons nous, l’année prochaine, s’il te plait…
Quelques années après, sans grandes nouvelles. Aleksander apprendra que la jolie jeune femme est partit de son pays natale, pour rejoindre la France. Décidé, il la rejoindra. Quittant sa mère, son pays, son passé. En espérant sincèrement, que la barrière de la langue, ne le coincera pas autant que dans son passé… Pour enfin pouvoir appeler sa mère, et lui dire de vive voix. « J’ai réussi. »